Hommage aux fabricants de toupins

On comptait plusieurs forgerons de toupins. Au 20ème siècle, c’est surtout Paul Morier qui a perfectionné les toupins de Romandie. Il a amélioré la forme arrondie et la tonalité.

Paul Morier

apaul-morier-1890-1961Château-d’Oex/ Missy/ Réverolle/ Morges (1912-1960); Rouiller/ Roch, Morges (1960-86)
Paul Morier (*1890+1961)
A Rossinière près de Château-d’Oex, le maréchal-ferrant, élève de Charles Bornet, a commencé à fabriquer des toupins vers 1912. La forme n’était pas encore bonne, les soudures bien visibles. Il les a marqués de ses initiales « P.M. » dans un écusson vaudois. En 1915, il a déménagé à Missy près d’Avenches et en 1937 à Réverolle sur Morges. Le fondeur de cloches Albert Simon de Préverenges, son ami, lui a fabriqué de nouvelles matrices. Paul Morier a utilisé un timbre de 5 mm de haut et des chiffres de 8 mm.
En 1955, il a déménagé à Morges où il a utilisé deux timbres « P. Morier » et « Morges ». Il a utilisé les chiffres de 8 et 11 mm de haut. Ces toupins étaient très recherchés. Ils avaient entre 9 et 50 cm de haut, un poids de 0,35 à 10 kg et une capacité de 0.35 à 45 litres. D’une part les sonnailles no. 3 à 12, d’autre part les sonnettes valaisannes no. 02 à 6. Les paysans vaudois et bernois ont exigé une gueule grande, les paysans de la Gruyère et du Gessenay la voulaient petite. Il y a quelques fausses copies. Les collaborateurs C. Guibat, E. Jaquier et J. Ueltschi ont ouvert des ateliers individuels.

Pierre Rouiller

(*1918+1995), beau-fils de Paul Morier, a dirigé l’entreprise de 1960 à 1978. Il a utilisé le timbre « P. Morier Morges » avec un cadre rectangulaire et une marque ovale. Il a employé les grands et les petits chiffres.

Willy Roch

(*1953), collaborateur et successeur de Pierre Rouiller, a utilisé le même timbre mais uniquement les chiffres de 11 mm de hauteur. Il a cessé la fabrication en 1986 pour des raisons de santé et a vendu les moules à Marius Brügger à Villars-sur-Glâne.

Brügger

Marius Brügger (*1934), serrurier à Villars-sur-Glâne, a fabriqué des toupins à l’aide d’une presse hydraulique depuis 1981. En 1986, il a vendu ses machines et a acheté les matrices, le nom et les droits de la maison P. Morier, Morges de Willy Roch. Son fils Stéphane (*1963), co-propriétaire de l’entreprise, forge les toupins P. Morier tout à la main de manière traditionnelle en se servant de matrices. Il est aidé par un ouvrier. Il utilise de la tôle d’acier de 2mm d’épaisseur (3 mm pour les sonnettes valaisannes). Il brase les gueules de toupins à l’aide de douilles de cartouches qu’il laisse fondre dans les braises. Une grande sonnaille nécessite à peu près 4000 coups de marteau. Pour la finition, on se sert du sablage au lieu du bain d’acide.
Marius et Stéphane Brügger sont également fondeurs de cloches.

Bornet

Charles Bornet(*1882, +1918), les Moulins près de Château-d’Oex, a forgé, de 1905 à 1918 des toupins à l’aide de matrices. Paul Morier était son disciple. Son neveu Ami Bornet (*1920, +1962) n’a fabriqué qu’une dizaine de toupins vers 1950.

Guibat

Constant Guibat (*1922 +1989) à Bière a forgé de 1946 à 1989. D’abord uniquement sur l’enclume, ensuite à l’aide de moules et finalement à l’aide de presses. Ses sonnailles étaient
plus carrées et plus fortes que celles de son maître Paul Morier. Après sa mort, ses formes ont passé à la ferraille. On trouve également des clochettes en bronze avec un timbre « C. Guibat Bière ».

aemile-jaquier-1922-1974

Jaquier

Émile Jaquier (1922-1974) à St Sulpice près de Lausanne était collaborateur de Paul Morier. Il a forgé des toupins et des sonnettes valaisannes de 1947 à 1965. Il les a en général marqués avec son nom et une étoile. Ses formes ont passé à Walter Eberhart à Wetzikon, en 1973 à Konrad Camenzind et en 1990 à Ulrich Steiner à Wynigen.

Ueltschi

Jean Ueltschi (1924-1993) à Montpreveyres (entre Lausanne et Moudon), ancien collaborateur de Paul Morier, a fabriqué des toupins des grandeurs 4-10 à l’aide de matrices, entre 1948 et 1955. Les frères Maillard à Chatel-St.-Denis ont repris les installations. Yvan Ueltschi est encore en possession du timbre de son père.

Maillard

Les frères Maillard à Châtel-St.-Denis ont repris en 1955 les matrices no. 4-10 de Jean Ueltschi. Ils les ont utilisées durant 40 ans. Depuis le décès de Louis (*1927 +1992), Marius (*1924) ne travaille plus qu’à demi-journée. Les essais en vue de fondre des cloches en bronze sont restés sans succès. (Les matrices de Ueltschi, reprises par Maillard ont été acquises par Pierre Turrian à Château-d’Oex qui fabrique des chauderons de cuivre et des toupins)


Extraits du livre : Treicheln Schellen Glocken/ Sonnailles et cloches de Robert Schwaller, 1996, Diffusion: Livre de cloches, case postale 57, CH-3185 Schmitten

Merci à Jean-Claude Bovet d’avoir fourni les images de ces deux fondeurs prestigieux du 20ème siècle (Morier et Jaquier).

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