Cloches de Romainmôter

Cloches de Romainmôter – 1595

La plus ancienne est la moyenne ; elle porte sur son pourtour supérieur cette inscription :

« O MENSCH ! SO OFT ICH ZEIGE AN, TAGS ODER NACHTS STUND MIT MINEM THON SO DIR ZU SINNKHON BEHEND DINES LEBENS LETZTES ZIL VND END 1595 »
« O homme ! Chaque fois que par mes sons je t’indique l’heure du jour ou de la nuit, réfléchis sérieusement au but et à la fin de ta vie. « 

« VERBEV DOMINI MANET IN ETERNVM »
« La parole du Seigneur est éternelle »

VS DEM FEVR BIN ICH GEFLOSSEN ABRAHAM ZENDER ZVO BERN HAT MICH GEGOSSEN 1595″
« Coulée par le feu, Abraham Zender m’a fondue à Berne, 1595 »

Cette cloche pèse environ 650 kilos et donne le sol, fondue à Berne, en 1595 par Abraham Zender. Elle est superbement décorée de diverses scènes de chasse et de reproduction de divers feuillages.


Cloches de Romainmôter – 1723

La deuxième, la plus grosse (elle a 1 m. 46 de diamètre, pèse environ 1’900 kilos et sonne le ré bémol, fondue à Berne en 1723 par Félix von Veltkirch) présente un véritable intérêt historique. Elle est en effet contemporaine à la mort de Davel, puisqu’elle fut fondue en 1723 ; elle porte sur ses flancs au-dessus de l’écusson de Berne, avec force armoiries individuelles et la date de 1723 .

« LUDWIG VON WATTENWYL SECKELMEISTER WELSCHER LANDEN
EMANUEL WURSTEMBERGER VENNER
MICHAEL AVGSBVRGER VENNER
IOHANNES MULLER VENNER
FRANZ LUDWIG MORLOT VENNER
IOHANNES FISCHER WELTSCH SECKELSCHREIBER
IOHANN RUDOLF WILLADING LANDTVOGT
HANS RUDOLF WURSTEMBERGER OHMGELTNER DIRECTOR DES GIESHAVSES »
 » Louis de Wattenwyl, maître des sceaux dans les pays Welsches.
Michel Augsurger, Banneret
Emmanuel Wurstemberger, Banneret
Jean Muller, Banneret
F.-Louis Morlot, Banneret
Jean Fischer, Sautier
Jean-Rodolphe Willading, Bailli
Jean-Rodolphe Wurstemberger, receveur de l’Ohmgeld (impôts) et directeur de la Monnaie. « 

« DIR RVF ICH LIEBER FROMLER CHRIST ZV DEINEM HEILAND JESV-CHRIST DAN SONST KEIN HEIL NOCH LEBEN IST »
« Pieux Chrétien je te rappelle à ton Sauveur Jésus-Christ, car, hors de lui, il n’y a ni salut ni vie. « 

« AVS DEM FEVR FLOS ICH FELIX FELIX VON VELTKIRCH GOSS MICH IN BÄRNN 1723 »
« Du feu je suis sortie heureusement, Félix de Veltkirch m’a fondue à Berne »

Le joug en bois porte les mentions MFCT 1724 NPCT. Cette cloche lentement amenée à Romainmôtier, ne prit sa place, entre son aînée et une troisième, qu’au cours de l’année 1726, comme l’indique l’ouverture faite dans la coupole de l’église pour la hisser au clocher et qui ne fut dès lors pas remurée, mais simplement fermée par un cercle de bois couvert de planches, où, au milieu de disques concentriques peints en rouge et blanc, se lit la date : 1726.


Cloches de Romainmôter – 1810

La troisième et plus petite, fondue comme nous venons de le dire n’existe plus ; des travaux de consolidation faits au clocher en 1897 et qui exigèrent la descente des trois cloches dans l’église, firent constater que l’un de ses quatre ancillons était cassé et que sa remise en place ne serait pas sans présenter le danger d’une chute grave.

La ville de Lausanne qui faisait alors harmoniser les cloches de St-François avec celles de la cathédrale, ayant de ce fait plusieurs cloches à vendre, l’Etat de Vaud acheta la condamnée et acquit la plus petite de St-François, à peu près du même volume et du même poids qu’elle. Elle ne pèse que 275 kilos et donne le si, fondue à Carouge par Jean-Baptiste Pitton en 1810. La représentation du Christ en croix figure sur le manteau. Au bas, une simple guirlande en fait le tour, et au centre se lit cette brève et sèche inscription :  » VILLE DE LAUSANNE 1810 POUR LE SERVISSE DE L’EGLISE DE ST-FRANCOIS »

 » FAITE PAR JEAN-BAPTISTE PITTON MAÎTRE FONDEUR A CAROUGE 1810″ et gravé dans la masse  » Bau ».
Le joug porte les mentions NPCT 1754 FDCT ACT. Le joug utilisé pour la cloche de 1753 a été réutilisé en 1897. Elle figure en bonne place aux côtés de ses deux aînées.


Une Ville et ses cloches

Romainmôtier a une sorte de relation particulière avec les cloches. La mémoire se souvient encore de la quasi émeute populaire qui déchira la population lorsque l’on décida d’harmoniser les cloches de l’Abbatiale. Personne n’était d’accord sur la manière « juste » de les faire sonner. On s’affronta, on se détesta par voie de tracts délétères. Puis, au final, on s’habitua.

Aujourd’hui rien que dans la Ville, il existe trois clochers. Bien sûr celui de l’Abbatiale, mais aussi celui de la Tour de l’horloge et celui de la Maison de Commune. Chacun remplit une fonction bien précise, qui fait que les clochers sonnent à tout moment de la journée, selon l’heure bien évidemment; à cause d’un mariage ou pour une votation, et parfois presque tous ensemble!

Le touriste, égaré de nuit dans l’un des hôtels du Bourg, remarquera quant à lui pendant son insomnie qu’elles sonnent même la nuit et au moins trois fois par heure. Bref, ajoutez à cela les toupins des rares troupeaux qui paissent encore alentour, et surtout l’idée farfelue de quelques passionnés de sonnailles de monter une fête dédiée à cet objet dont les sonorités portent loin à la ronde… eh bien, que nos visiteurs le sachent: il a fallu légiférer!

Non pas pour les interdire, mais pour éviter qu’un triste individu ne s’imagine que nos campagnes sont aussi tranquilles que les allées d’un cimetière ou les couloirs proprets d’un musée. Dès lors, Romainmôtier et Envy, ont pris leurs responsabilités et fait en sorte que personne ne puisse attaquer les cloches. Que chacun connaisse donc l’art. 46 de notre règlement de police stipulant que « les cloches et les sonnailles font partie du patrimoine de la Commune et ne sont pas considérées comme des nuisances sonores. »

Il n’en fallait pas moins pour honorer une tradition magnifique de notre région.

Fabrice De Icco, Syndic.

 

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