Les pèlerins de St-Jacques de Compostelle
Par milliers, par millions, la besace à l’épaule et le bourdon au point, ils quittaient les cités, les châteaux, les villages et prenaient le chemin de Compostelle. Gens de toutes sortes et de tous pays, ils partaient, le cœur brûlant, faire leur salut au bout des terres d’occident, là où la mer un jour avait livré le corps de l’apôtre Jacques. Le premier pèlerin dont nous retrouvons la trace est l’évêque Godescale du Puy qui fit le voyage en l’an 951.
Les attributs du pèlerin sont la besace remplie d’argent, le bourdon (le bâton), le chapeau, le costume, une longue robe serrée à la taille, de forts brodequins aux pieds, l’attestation du prêtre de la paroisse et la coquille Saint-Jacques.
La coquille de ce mollusque peigne, par sa forme, ses couleurs, a longtemps constitué une sorte d’écrin à épingles, de récipient à fards : elle fait partie du mobilier funéraire de tombes féminines antiques. Au IVème siècle, elle symbolise déjà le pèlerinage en général avant d’être annexée par les marcheurs de Compostelle allant ramasser sur les plages de Galice, au Finisterre, la preuve qu’ils ont bien fait le voyage.
« De même lit-on dans le Livre de Saint-Jacques, que ceux qui reviennent de Jérusalem portent la palme, ceux qui reviennent de St-Jacques ont la coquille » A la grande époque des pèlerinages de Compostelle, elle est l’apanage exclusif des jacquets. Il n’est même plus besoin d’aller la ramasser sur les plages du Padrón, là où aborda la barque contenant le corps de Saint-Jacques. Sur le parvis de la cathédrale de Santiago, on vend aux pèlerins « de petites coquilles de poisson qui sont les insignes de Saint-Jacques »
D’ailleurs les papes Alexandre III, Grégoire IX et Clément X accordent l’un après l’autre à l’archevêque de Compostelle le droit d’excommunier quiconque vendrait de semblables coquilles en tout autre lieu dans la ville de l’apôtre. Devenu symbole du pèlerinage tout entier, d’une dévotion particulière à Saint Jacques, et non seulement l’accomplissement du vœu, la coquille se porte bientôt dès le départ. Elle sera un jour dévoyée par les faux jacquets – les coquillards – et par les « pèlerins de l’amour »
Extraits de « priez pour nous à Compostelle » Barret & Gurgand, Editions Hachette littérature